Déforestation sous-marine, épuisement des stocks halieutiques, pêche à l’aileron, asphyxie des pêcheurs artisanaux, menace pour la sécurité alimentaire… L’Afrique, notre terre nourricière, est spoliée de ses océans. Sous couvert de coopération, la Chine, insatiable, nous dépouille de nos richesses maritimes. Derrière les sourires diplomatiques se cache une sombre réalité: le pillage organisé de nos ressources, au détriment de nos populations.

Depuis des années, une ombre grandissante plane sur les eaux de l’Afrique : celle de la flotte de pêche chinoise, dont les pratiques illégales menacent non seulement l’écosystème marin, mais aussi les moyens de subsistance de millions d’Africains. Derrière les promesses de coopération, se cache la surpêche, les mensonges, la violence et la destruction systématique des écosystèmes marins. Ce n’est plus tolérable et ne peut être ignoré.
Une flotte pirate à quelques encablures de nos côtes
Des centaines de chalutiers chinois d’une voracité sans limite sillonnent nos eaux territoriales, équipés de technologies de pointe. La Chine possède en effet la plus grande flotte de pêche hauturière (en eaux lointaines) du monde. Cette armada, composée de chalutiers industriels et semi-industriels, opère dans les eaux de nombreux pays africains, de l’Ouest à l’Est du continent. Et les chiffres sont alarmants :
- Plus de 400 navires chinois sillonnent les côtes de l’Afrique de l’Ouest, avec des prises annuelles estimées à 400 millions d’euros. Soit entre 130 000 et 270 000 tonnes de poissons pêché par an en Afrique de l’Ouest, selon la valeur commerciale du poisson pêché.
- Huit des dix plus grandes entreprises mondiales pointées du doigt pour leur rôle dans la pêche illégale sont chinoises.
Ces navires ne se contentent pas de pêcher, ils raclent nos fonds marins à grands coups de chalutage de fond, détruisant les écosystèmes et vidant nos océans de leurs poissons. Cette méthode, largement responsable de la disparition des poissons dans les eaux nationales chinoises, est désormais pratiquée en Afrique. Au Ghana par exemple, les stocks de petits poissons pélagiques, notamment la sardinelle, ont chuté de 80 % en vingt ans. Certaines espèces, comme la sardinella aurita, ont purement et simplement disparu d’après l’Environmental Justice Foundation. Les petits pêcheurs, qui vivent de leur labeur depuis des générations, sont les premières victimes de cette rapine maritime. La surpêche a ainsi entraîné la perte de plus de 300 000 emplois dans le secteur de la pêche artisanale en Afrique de l’Ouest.
Une concurrence déloyale et des méthodes barbares
Armés de filets démesurés et usant de techniques de pêche destructrices, les navires chinois ne respectent aucune règle. Ils pêchent dans les zones interdites, utilisent des engins illégaux et ne déclarent qu’une fraction de leurs prises. Le « shark finning« , cette pratique barbare consistant à couper les ailerons de requin avant de rejeter l’animal à la mer, est monnaie courante.
La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) est systématique. Les chalutiers chinois usent de stratagèmes pour contourner les lois et échapper aux contrôles :
- Sous-déclaration du tonnage brut (TB) pour payer moins de redevances.
- Pêche dans des zones interdites, notamment celles réservées aux pêcheurs artisanaux, les Zones d’Exclusion Côtière (ZEC).
- Non-activation des balises GPS pour échapper aux contrôles.
- Utilisation de filets interdits et de méthodes de pêche destructrices.
- Recours à des sociétés écrans et des prête-noms pour opérer sous pavillon africain et contourner les interdictions.
- Transbordements illégaux en mer (« saiko »), notamment au Ghana, où les prises des chalutiers industriels sont vendues illégalement aux pêcheurs artisanaux.
« Ce que font ces chalutiers, c’est d’éteindre leurs feux et d’empiéter dans la ZEC pendant la nuit. Ils prennent tous les types de poisson, y compris les petits pélagiques. Ils s’avancent souvent et détruisent notre équipement de pêche. C’est ce que j’utilise pour nourrir ma famille et éduquer mes enfants. Donc, si ces chalutiers étrangers détruisent mon équipement de pêche, que vais-je faire pour faire vivre ma famille ? » - a déclaré un pêcheur artisanal anonyme à l’EJF
L’exemple du Lu Rong Yuan Yu 956, un navire chinois arrêté à plusieurs reprises au Ghana pour pêche illégale, illustre l’impunité dont jouit cette flotte. En 2017, la marine sénégalaise interceptait sept chalutiers chinois opérant sans autorisation. Mais ces interpellations sporadiques ne suffisent pas à enrayer le pillage : les intérêts économiques et politiques en jeu sont trop grands. En 2015 déjà, la China National Fisheries Corporation (CNFC) était mise en cause par Greenpeace pour 60 cas de pêche illégale sur 114 répertoriés en Afrique de l’Ouest.
Des conséquences désastreuses pour nos populations
Pendant que ces prédateurs industriels font main basse sur les ressources africaines, ce sont nos communautés côtières qui paient le prix fort. La raréfaction du poisson entraîne une insécurité alimentaire grandissante, notamment en Afrique de l’Ouest, où cette denrée constitue la principale source de protéines d’environ 7 millions de personnes.
Les pêcheurs artisanaux, privés de leurs moyens de subsistance, sont poussés à la misère. Pire encore, poussés à la faillite par les pratiques de concurrence déloyale des navires chinois, ils subissent également la destruction de leurs filets, des actes de violence et d’intimidation. En 2020, trois pêcheurs mauritaniens sont décédés après que leur pirogue a été percutée par un chalutier chinois. Ce n’était pas un accident ! Juste le symptôme d’une guerre économique à sens unique, dont l’Afrique est la victime toute désignée.
«Chaque nuit, nous passions sur un filet, raconte Michael. Le capitaine nous ordonnait de le couper et de le jeter ». Michael se sentait honteux de suivre ces ordres. « Nous nous sentions mal, dit-il. Peut-être que ces pêcheurs souffrent et doivent faire des emprunts pour réparer leurs filets. C’est comme mettre nos frères et nos pères à la rue. »
“ les pêcheurs artisans se méfient des Coréens et des Chinois. “Si vous les croisez en mer, prévient Ousmane, ils sont capables de vous éliminer sur leur passage. Pour notre sécurité en mer, nous faisons preuve de prudence pour préserver nos vies face à leurs chalutiers”.
Pourquoi rien ne change
Pourquoi les gouvernements africains restent-ils si souvent silencieux face à cette catastrophe ? La réponse est simple : la faiblesse des systèmes de contrôle, la corruption et le manque de transparence contribuent à l’impunité dont jouissent ces navires. Les gouvernements africains, souvent dépendants de l’aide financière chinoise, hésitent à s’opposer à ces pratiques. La corruption des observateurs de pêche et la complicité de certains responsables locaux aggravent la situation. La Chine utilise également son influence diplomatique pour contrer les critiques et protéger ses intérêts.
“L’État est au courant de notre éternel bras de fer avec les pêcheurs industriels. Nous nous plaignons, mais ça reste sans suite. A cause de l’intrusion des pêcheurs industriels dans la zone des pêcheurs artisans, certains ont préféré quitter la pêche. D’autres ont perdu leurs équipements.” – Ousmane
La Chine utilise sa puissance économique pour influencer les élites politiques africaines et les inciter à adopter des politiques favorables à ses intérêts. En retour, ces élites bénéficient de financements pour des projets d’infrastructure, renforçant ainsi leur dépendance à l’égard de Pékin. En outre, la Chine a transformé l’Afrique en un terrain de jeu pour sa propagande. En investissant massivement dans les médias africains, en formant des journalistes et en imposant une vision positive de ses projets, Pékin étouffe toute critique et renforce son image de partenaire privilégié. Le cas du Standard Group en 2018 est un exemple flagrant de cette stratégie de manipulation de l’information. Il a en effet subi des pressions pour censurer son rapport d’enquête concernant des soupçons de corruptions liées au Standard Gauge Railway, une infrastructure ferroviaire majeure construite par la Chine au Kenya.
STOP !
L’Afrique ne peut plus se laisser dépouiller ainsi. Nous devons unir nos forces pour mettre fin à ce pillage organisé. Il est urgent de renforcer les contrôles, de sanctionner les navires illégaux et de protéger nos ressources naturelles. L’avenir de notre continent en dépend. Nous appelons tous les Africains à se mobiliser pour défendre nos océans, préserver notre souveraineté, et nous laisser exploiter nos ressources halieutiques !